Objectif Patrimoine

Lettre Conseil MMA Vie - Novembre 2023

La reprise des taux obligataires : quels impacts sur l’assurance vie ?

© AdobeStock/mojo_cp

Après avoir connu une année 2022 un peu compliquée, le marché obligataire semble reprendre des couleurs. Michael Jousseaume, responsable du pôle expertise marché financier au sein de la Direction assurance vie, nous explique – dans ce podcast – si ce retour gagnant du marché obligataire a des incidences sur le produit préféré des Français, la fameuse assurance vie.

Afin que tout le monde comprenne de quoi l’on parle, pouvez-vous nous dire, en préambule, ce qu'est une obligation ?

Alors rapidement, c’est un emprunt effectué par un État ou une entreprise privée, une organisation ; emprunt réalisé sur une durée déterminée pour un taux convenu à l’avance. Prenons l’exemple d’une obligation émise actuellement par l’État français, pour une durée de 10 ans, avec un taux de 2,9%. En pratique, cette obligation va être émise pour une valeur de 100 euros, par exemple, et va payer tous les ans un coupon ; c’est aussi un intérêt de 2,9% et elle sera remboursée à l’échéance avec une valeur de 100, donc en 2033.

Est-ce qu'il existe différents types d'obligations ?

Oui, il en existe plein. Mais sur le principe, le taux d’une obligation va globalement dépendre de sa durée mais aussi de la solidité de celui qui emprunte ; plus la durée est longue et l’émetteur peu solide, plus le taux d’intérêt est élevé.

Et globalement comment sont valorisées les obligations ?

Alors la valeur d’une obligation évolue schématiquement en fonction de trois critères principaux :
•    Tout d’abord, la durée qui reste à courir pour cette obligation jusqu’à la date de son remboursement ; plus la durée est lointaine, plus il y a une incertitude et plus l’évolution peut être importante,
•    L’évolution également de la solidité de l’émetteur, c’est celui qui emprunte, donc c’est important de le regarder,
•    Et puis enfin, le contexte économique et financier avec, par exemple, la remontée ou la baisse des taux d’intérêt par les banques centrales notamment.

Pour entrer dans le cœur du sujet, quand il y a de l'inflation comme c'est le cas actuellement, quelle influence cela a-t-il sur la valorisation des obligations ?

Lorsqu’il y a de l’inflation, en règle générale, les taux d’intérêt remontent ; comme c’est le cas actuellement. Dans ce cas, les obligations émises précédemment – à des taux donc plus bas – voient leur valeur baissée. Et inversement, dans un contexte de baisse des taux d’intérêt, la valeur des obligations émises précédemment, à des taux donc plus élevés, voient leur valeur augmentée. 

Si l’on prend l'exemple des supports en euros des contrats d'assurance vie, j'ai cru comprendre qu'ils sont investis majoritairement en obligations, est-ce bien le cas ?

Oui, en effet, les supports en euros sont investis en moyenne à 80% en obligations. Comme les sommes investies sur les fonds en euros sont garanties, il est nécessaire que les assureurs choisissent des supports d’investissement qui apportent le plus de visibilité et de stabilité, comme c’est le cas des obligations. C’est donc leur point fort lorsqu’elles sont bien sélectionnées. Par ailleurs, pour information, nous pouvons également retrouver des supports obligataires dans les supports en unités de compte présentés dans les contrats d’assurance vie.

D'ailleurs, après des années de baisse des rendements, France Assureurs a indiqué récemment que le rendement moyen des fonds en euros en 2022 a été de l'ordre de 2%. Comment expliquer ce retour gagnant des supports en euros alors même que les taux obligataires remontent, y a-t-il un lien ?

Oui, le lien est d’ailleurs assez direct puisque les assureurs ont pu de nouveau acheter des obligations à des taux plus élevés. Nous avions pas mal communiqué, dans les années précédentes, avec des taux d’intérêt obligataires qui étaient aux alentours de zéro. Et bien là, on voit qu’effectivement ils ont beaucoup remonté et les assureurs en ont donc fait profiter leurs assurés au travers de la revalorisation annuelle de leurs supports en euros.

Alors, si je vous suis, si on se projette dans les années à venir, on devrait donc, en toute logique, voir les rendements des fonds en euros continuer leur progression ?

Alors, oui, si les taux obligataires se stabilisent au niveau actuel et, a fortiori, s’ils augmentent. Le rendement du portefeuille obligataire des assureurs va donc s’améliorer progressivement, ce qui sera favorable effectivement au taux. Mais pour cela les assureurs vont devoir collecter de nouveaux fonds auprès des épargnants. Maintenant, il faut bien avoir conscience que le portefeuille obligataire des assureurs est constitué de nombreuses obligations, plus ou moins anciennes avec des taux assez différents. Les assureurs vont garder, vont conserver, ces obligations jusqu’à leur échéance. C’est d’ailleurs bien cela qui aura permis, dans le temps, de délivrer des rendements bien supérieurs aux rendements des nouvelles obligations que nous avons vu durant ces dernières années. Dernier point, il faut aussi préciser que les supports en euros, majoritairement investis en obligations, sont également investis dans de l’immobilier et dans des actions. L’évolution du rendement des supports en euros va donc dépendre également de l’évolution de ces deux marchés complémentaires.

Qu’en est-il des SICAV ou FCP très exposés à ces obligations ?

Alors le fonctionnement est assez différent de ce que nous venons de dire sur le fonds en euros, ne serait-ce qu’en raison de la valorisation quotidienne des fonds, c’est un sujet en tant que tel. On ne va pas l’aborder ici. On pourra bien entendu y revenir à l’occasion d’un autre podcast. 

Pour conclure notre entretien, les supports obligataires : bon ou mauvais moyen pour placer son épargne ?

Alors c’est la bonne question. Comme beaucoup de placements, c’est plus une question de dosage et d’équilibre. En assurance vie, les épargnants sont souvent indirectement détenteurs d’obligations, puisque nous l’avons vu, les obligations sont très présentes dans les supports en euros et que ces mêmes supports en euros représentent encore la majeure partie des encours de l’assurance vie. Dans ce cadre particulier, l’actuelle remontée des taux d’intérêt est très favorable aux épargnants. En revanche, pour les détenteurs de SICAV ou de FCP, très exposés aux obligations, il faut être vigilant. Mais, dans ce cas-là, je conseille – tout de même – de se rapprocher de son Conseiller Financier pour regarder la situation personnelle de chacun.

Comme souvent en matière d’épargne et d’investissement, tout est donc question de mesure.

Ce podcast est produit par la Direction assurance vie Covéa et les Echos Publishing pour MMA.

Les montants investis sur les supports en unités de compte ne sont pas garantis mais sujets à des fluctuations à la hausse ou à la baisse dépendant en particulier de l’évolution des marchés financiers.
Cet investissement peut entraîner un risque de perte en capital supporté par l’adhérent. Les performances passées ne préjugent pas des performances à venir.

Les Documents d’Informations Clés (DIC) génériques, les guides de présentation des supports en vigueur comprenant le Document d’Informations Spécifiques (DIS) du support Euros et les Documents d’Informations Clés (DIC) des supports en unités de compte, les annexes de synthèse des frais ainsi que la documentation relative à la durabilité (SFDR)  des contrats d’assurance vie MMA, sont consultables ici.

Vous avez besoin d’une information, d’un conseil ou d’un bilan patrimonial personnalisé, votre Conseiller Financier MMA CAP reste à votre disposition

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